CELINE BONACINA

L'Astrada de Marciac, mardi 30 juillet 2024

Chronique de Annie Robert / Photographies de Nathalie Courau

Céline Bonacina, John Hadfield, Rachel Eckroth, Chris Jennings, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau
Céline Bonacina, John Hadfield, Rachel Eckroth, Chris Jennings, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau

Céline Bonacina est une saxophoniste rare.

 

Rare par la taille de l'instrument adopté, le baryton et son allure de colosse, ses rugissements dans les graves, et son aspect gigantesque qui la font paraître elle, encore plus petite et fine. Céline Bonacina est devenue depuis plusieurs années une spécialiste reconnue de cet instrument à l'aspect exceptionnel et elle trace son chemin dans un univers pluriel, renouvelé et tonique.

 

Elle est rare aussi par la qualité de son jeu et sa générosité non feinte. Ce soir, elle joue des morceaux de son dernier album sorti en 2023 et intitulé avec justesse JUMP.

 

Car du Jump il y en a. Des sauts dans des couleurs et des imaginaires diversifiés dans lesquels se mélangent une fièvre endiablée, de la brillance sans clinquant et une bonne dose de tendresse nostalgique.

Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau
Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau

Le set débute de façon percutante par « Tunnel », et la virtuosité de Céline Bonacina se déploie de façon magistrale. C'est une musique pleine d’énergie où la technique de la saxophoniste est épatante de bout en bout.

 

À la voix également, soutenue par celle de Grégory Privat qui a reçu le prestigieux prix Django Reinhardt (musicien français de l'année) décerné par l'Académie du jazz et qui joue du piano ou du synthé comme il respire. C'est vibrant de lyrisme. Immédiatement, on est capté par leur énergie à tous les quatre dans cette espèce de jazz fusion sous son meilleur angle.

 

Des passages vocaux se glisseront avec subtilité tout au long du concert sans paraître incongrus, tout cela coule de source. On ne s'ennuie pas un instant et la surprise est au rendez-vous à chaque détour du set.

Jump! ℗ Laurent Carrier Diffusion (Colore) / Cristal Groupe under exclusive licence to Cristal Records

Released on : 2023-09-15

Mastering Engineer : Alexis Bardinet / Mixing Engineer : Vincent Barcelo / Recording Engineer : Vincent Barcelo / Instrumentalist : John Hadfield / Instrumentalist : Chris Jennings / Instrumentalist : Rachel Eckroth / Composer : Céline Bonacina

Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau
Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau

« Lost in translation » ensuite propose une atmosphère plus apaisée avec de larges horizons offerts, poétiques et changeants. Les morceaux sont longs, les mélodies vivantes et limpides. Ils prennent le temps de l'exposition, du développement et des impros de chacun. Ce quartet est enthousiasmant, très complice et on a le sentiment que même si Céline Bonacina a le lead, les autres musiciens sont plus que des accompagnateurs, de réels partenaires. D'ailleurs deux compos sont signés par Chris Jennings à la contrebasse si parlante ou John Hadfield batteur subtil, harmonique et attentif.

 

Sur « Light some where » par exemple le morceau est commencé à la voix, puis repris par le baryton. Le piano pose des touches fines et un bel échange sax / contrebasse y donne une saveur nostalgique avant que la batterie par touches légères viennent retendre le tempo. « Hope » déploie ensuite une ballade / balade exaltante à déguster paisiblement. La batterie y utilise avec nuance toutes les possibilités de l'instrument. C'est dansant et malicieux.

 

Le cinquième morceau, commencé par un solo de contrebasse emmène l'imaginaire sur une discrète évocation orientale. Et le sixième avec son intro piano coule comme de l'eau sur des cailloux avec un tempo relancé de la section rythmique.

 

Céline Bonacina nous offre pour terminer une merveilleuse impro solo nommée « Poussière d'étoile » avec des basses rayonnantes en forme de fugue et offre ensuite à son batteur un temps pour une improvisation dont on se souviendra.

 

La salle est enthousiaste et le rappel attendu évoquera l'île aimée à travers « My island far away », avec « Kayamb et sea drum ».

Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau
Céline Bonacina, album JUMP. Photographie © Nathalie Carau

Céline Bonacina est venue au Festival Jazz360 une première fois en 2012, avec le guitariste NGuyen Lê. Elle avait soulevé l'enthousiasme du public aussi bien par ses prestations que par son contact simple et chaleureux. Aussi nous l'avons sans hésiter invitée une deuxième fois en 2019 pour son projet Crystal Rain. Et ce fut là aussi un moment intense de musique.

 

Elle nous offre aujourd'hui avec Jump une promenade tonique, bousculante et joyeuse. C'est un saut dans une diversité de mondes imaginaires, un jazz lumineux, pour une musique festive, virtuose mais toujours accessible comme elle sait le faire tout en se renouvelant de façon permanente. On redemande.

 

Céline Bonacina, saxophone baryton, chant / Grégory Privat, piano, rhodes, claviers, chant / Chris Jennings, contrebasse / John Hadfield, batterie, percussions

 

 Jazz360 vous en raconte plus : Petite histoire de cette photographie

Suivre la conférence musicale de Céline Bonacina au Festival Jazz360 2019

Quatre vidéos du concert de Céline Bonacina au Festival Jazz360 2019

Logo JAZZ360 Création graphique : Jessica Nguyen Man Quy
Contact
Logo Youtube
Notre chaîne
Logo Mobilizon
Logo Mastodon, réseau social