L’Astrada de Marciac, mercredi 31 juillet 2024
Chronique d'Annie Robert / Photographies : tous droits réservés
L’Orchestre National de Jazz (ONJ) existe depuis 1986. Il est né de la volonté de faire rayonner le jazz français grâce à un grand orchestre subventionné par l’État et confié à un directeur sur la base de ses projets, un pendant jazz à l'Orchestre National de France.
Placée sous la direction d'un chef d'orchestre (généralement nommé pour deux à trois ans), cette formation dispose ainsi de moyens et de temps lui permettant de réaliser, diffuser et présenter ses créations à travers le monde.
Suivra en 2019 l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ, formation constituée de jeunes musiciennes et musiciens qui se consacre à la réinterprétation des précédents répertoires de l'Orchestre National de Jazz. Ainsi, se transmet de génération en génération un patrimoine et une richesse musicale de grande qualité. Chaque saison, l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ est confié à un ancien directeur de l’ONJ et voit son effectif renouvelé. C'est un lieu d'intense apprentissage peaufiné et de belles créations, un chaudron qui s'enivre de tendances, d'essais et de renaissance.
L'orchestre est imposant, il y a du monde sur scène et du beau linge : 16 instrumentistes dont 9 soufflants, d'où ces envolées puissantes, cuivrées, rocks et tourbillonnantes qui vont nous emporter. La guitare de Frédéric Maurin saturée en diable renforce cette sensation de gros son.
C'est un travail très écrit (forcément à seize…) mais qui laisse aux instrumentistes des plages d'impro éclatantes, des duos ou trios inattendus. Chaque musicien est à la fois un élément singulier qui va aller chercher les limites de son instrument (franchement une impro de sax, on est habitué, une impro de tuba, c'est rare...) mais c'est également un élément rythmique, mélodique, harmonique d'un grand tout. Chacun concourt à la création de tous et c'est remarquable.
Les morceaux, souvent longs (il n'y en aura que six, rappel compris) sont tous différents ainsi que la façon dont ils sont orchestrés. Cela ressemble davantage à des petits tableaux, des suites complexes parfois plus symphoniques, parfois plus intimes. La voix viendra y poindre avec un juste propos.
On peut passer dans le même morceau d'un grand orchestre jazz assez traditionnel à un labyrinthe de sons et de discours changeants. Il y a du contrepied, de la recherche, du flirt avec les disharmonies, des grands espaces en chevauchées, des ostinatos* envoûtants, du lyrisme charmeur.
Et une cohérence toujours présente.
C'est beau à écouter et beau à voir. Passionnant et fort.
Quentin Coppalle, flûte, flûte alto, piccolo / Catherine Delaunay, clarinette, cor de basset / Jean-Michel Couchet, saxophones alto & soprano, clarinette basse / Fabien Debellefontaine, saxophone ténor, clarinette / Fabien Norbert, Sylvain Bardiau, trompette, bugle / Mathilde Fèvre, Astrid Yamada, cor / Daniel Zimmermann, Jessica Simon, trombone / Fanny Meteier, tuba / Frédéric Maurin, guitare électrique, direction / Bruno Ruder, piano fender rhodes, synthétiseur / Stéphan Caracci, vibraphone, marimba, percussions, synthétiseur / Sarah Murcia, contrebasse, synthétiseur, voix / Rafaël Koerner, batterie.
*L'ostinato est un procédé de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout un morceau.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostinato
En savoir plus :
https://www.onj.org/lorchestre/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Orchestre_national_de_jazz
Quelques vidéos : https://www.onj.org/programme/frame-by-frame/