Les P'tiZZamis de Jazz360
Le Rocher de Palmer accueillait ce 14 février 2025 Nubya Garcia, une saxophoniste de jazz britannique, dans cette lignée de filles à caractère qui tracent leur route (enfin !) dans le milieu du jazz et dans celui du saxophone. Elle arrive avec un sacré pédigrée, bardée de récompenses, formée dans les plus prestigieuses écoles et est décrite comme une artiste de talent, une pépite à surveiller de près.
C'est aussi une artiste de son époque, active sur les réseaux sociaux, compositrice pour des jeux vidéos influents, collaboratrice du monde de la mode. Acclamée par la critique elle est sans doute en passe de devenir une incontournable...
Il faut dire qu'elle a pour elle de nombreuses qualités évidentes dès la première écoute : un son remarquable, vraiment beau, chaud, ample et souple; une agilité virtuose dont elle ne fait pas un étalage excessif, et une personnalité sincère, facile et souriante. Un petit bout d'énergie puissante et équilibrée. On a envie de glisser dans ses notes et de se laisser prendre très vite à son cheminement.
Elle a également la réputation de porter à travers ses compositions un syncrétisme de musique, jazz bien sûr mais aussi soul, RNB ou caraïbes, diablement désirable.
Pourtant c'est un concert d'un classicisme convenu auquel nous allons assister. Un concert court aussi, à peine une heure et quart.
Les deux premiers morceaux se déroulent sans efforts, des bannières souples, remplies de douceur, bien agréables mais ballottées d'un chant à l'autre, sans trop de distinctions ni de ruptures, avec un thème que l'on a du mal à suivre ou identifier. Une structure jazz classique, chacun y allant de son impro avec plus ou moins d'intensité : Daniel Casimir à la contrebasse, délicat et inspiré, Lyle Baron au piano plus introverti et Sam Jones à la batterie (en marcel et en bob… je ne désespère pas de voir un jour un musicien peint en bleu comme Philippe Katerine, ce serait marrant !) par moments trop présent.
L’Orchestre National de Jazz (ONJ) existe depuis 1986. Il est né de la volonté de faire rayonner le jazz français grâce à un grand orchestre subventionné par l’État et confié à un directeur sur la base de ses projets, un pendant jazz à l'Orchestre National de France.
Placée sous la direction d'un chef d'orchestre (généralement nommé pour deux à trois ans), cette formation dispose ainsi de moyens et de temps lui permettant de réaliser, diffuser et présenter ses créations à travers le monde.
Céline Bonacina est une saxophoniste rare.
Rare par la taille de l'instrument adopté, le baryton et son allure de colosse, ses rugissements dans les graves, et son aspect gigantesque qui la font paraître elle, encore plus petite et fine. Céline Bonacina est devenue depuis plusieurs années une spécialiste reconnue de cet instrument à l'aspect exceptionnel et elle trace son chemin dans un univers pluriel, renouvelé et tonique.
Elle est rare aussi par la qualité de son jeu et sa générosité non feinte. Ce soir, elle joue des morceaux de son dernier album sorti en 2023 et intitulé avec justesse JUMP.
Car du Jump il y en a. Des sauts dans des couleurs et des imaginaires diversifiés dans lesquels se mélangent une fièvre endiablée, de la brillance sans clinquant et une bonne dose de tendresse nostalgique.
En cette année 2024, les hommages à Claude Nougaro se multiplient et c'est bien naturel. Voici 20 ans déjà qu'il a quitté ce monde et laissé un peu orphelin les amateurs de mots, des rimeurs de poésie, les cinématophiles de la chanson.
Sa voix reste fortement imprimée dans les mémoires, ses chansons jalonnent notre vie et son style puissant se devine encore chez bien des artistes qui l'aient connu ou pas.
Le maestro, il faut dire, a trempé sa plume et sa langue imagée dans la richesse de toute la musique du monde : ouvert à tout, il est un alchimiste groupant dans son chaudron bouillonnant l’opéra italien de son baryton de père, le jazz des standards, la java de Paris, le swing de la radio, les rythmes latins ou brésiliens d’un Gilberto Gil ou d’un Chico Buarque.
Richard Galliano : New-York Tango trio
Pour cette première partie de soirée consacrée à un hommage à Claude Nougaro, on ne pouvait trouver mieux que Richard Galliano. Il en a été pendant des années (jusqu'en 83) l'ami, l'accordéoniste et le chef d'orchestre attentif. De cette collaboration naitront plusieurs titres « Allée des brouillards », « Les voiliers » et la très connue « Vie Violence ». Les deux artistes se marqueront chacun d'une influence réciproque et durable.
Richard Galliano est le passionné que l'on connait, un musicien ouvert à de multiples influences et à de multiples styles, il a dynamité les vieux préjugés sur un instrument dit « ringard » et démontré que l'accordéon avait pleinement sa place dans le paysage des musiques de son temps que ce soit le jazz, la chanson ou la musique classique.
Le sentier ouvert sera emprunté par les nouvelles têtes de l'accordéon.
Adèle Viret quartet; ils en ont des choses à nous raconter ces jeunes gens, de belles choses, délicates, gracieuses, puissantes. Du liquide en grappe, de la musijazz de chambre pleine de malice, de délices, des horizons méditerranéens ou des ciels bas, de la pluie ou des bulles de mer.
Ils en ont de la complicité ces jeunes gens, une façon de se faire confiance simplement et de façon évidente, en laissant naviguer la ligne basse du piano au violoncelle, de chercher les limites de leurs instruments, de créer des duos, des trios, de s'amuser des orages, des équinoxes, des mélodies rêvées et même du chant léger.
Audacieux mais modestes, créatifs mais sérieux, innovants mais présents. Ils sont presque agaçants de tant de talents !
Adèle Viret au violoncelle, mène ce quartet singulier dans sa composition, du haut de ses 25 ans et ce n'est pas une totale inconnue. Fille de Jean Philippe Viret, contrebassiste célèbre, biberonnée au jazz et à la musique de chambre, on l’a déjà entendue aux côtés de Magic Malik, de l’ONJ des jeunes ou d'Aka Moon ! Elle bénéficie du soutien de Jazz Migration qui se trompe rarement dans ses choix.