Les P'tiZZamis de Jazz360
L’Orchestre National de Jazz (ONJ) existe depuis 1986. Il est né de la volonté de faire rayonner le jazz français grâce à un grand orchestre subventionné par l’État et confié à un directeur sur la base de ses projets, un pendant jazz à l'Orchestre National de France.
Placée sous la direction d'un chef d'orchestre (généralement nommé pour deux à trois ans), cette formation dispose ainsi de moyens et de temps lui permettant de réaliser, diffuser et présenter ses créations à travers le monde.
Céline Bonacina est une saxophoniste rare.
Rare par la taille de l'instrument adopté, le baryton et son allure de colosse, ses rugissements dans les graves, et son aspect gigantesque qui la font paraître elle, encore plus petite et fine. Céline Bonacina est devenue depuis plusieurs années une spécialiste reconnue de cet instrument à l'aspect exceptionnel et elle trace son chemin dans un univers pluriel, renouvelé et tonique.
Elle est rare aussi par la qualité de son jeu et sa générosité non feinte. Ce soir, elle joue des morceaux de son dernier album sorti en 2023 et intitulé avec justesse JUMP.
Car du Jump il y en a. Des sauts dans des couleurs et des imaginaires diversifiés dans lesquels se mélangent une fièvre endiablée, de la brillance sans clinquant et une bonne dose de tendresse nostalgique.
En cette année 2024, les hommages à Claude Nougaro se multiplient et c'est bien naturel. Voici 20 ans déjà qu'il a quitté ce monde et laissé un peu orphelin les amateurs de mots, des rimeurs de poésie, les cinématophiles de la chanson.
Sa voix reste fortement imprimée dans les mémoires, ses chansons jalonnent notre vie et son style puissant se devine encore chez bien des artistes qui l'aient connu ou pas.
Le maestro, il faut dire, a trempé sa plume et sa langue imagée dans la richesse de toute la musique du monde : ouvert à tout, il est un alchimiste groupant dans son chaudron bouillonnant l’opéra italien de son baryton de père, le jazz des standards, la java de Paris, le swing de la radio, les rythmes latins ou brésiliens d’un Gilberto Gil ou d’un Chico Buarque.
Richard Galliano : New-York Tango trio
Pour cette première partie de soirée consacrée à un hommage à Claude Nougaro, on ne pouvait trouver mieux que Richard Galliano. Il en a été pendant des années (jusqu'en 83) l'ami, l'accordéoniste et le chef d'orchestre attentif. De cette collaboration naitront plusieurs titres « Allée des brouillards », « Les voiliers » et la très connue « Vie Violence ». Les deux artistes se marqueront chacun d'une influence réciproque et durable.
Richard Galliano est le passionné que l'on connait, un musicien ouvert à de multiples influences et à de multiples styles, il a dynamité les vieux préjugés sur un instrument dit « ringard » et démontré que l'accordéon avait pleinement sa place dans le paysage des musiques de son temps que ce soit le jazz, la chanson ou la musique classique.
Le sentier ouvert sera emprunté par les nouvelles têtes de l'accordéon.
Adèle Viret quartet; ils en ont des choses à nous raconter ces jeunes gens, de belles choses, délicates, gracieuses, puissantes. Du liquide en grappe, de la musijazz de chambre pleine de malice, de délices, des horizons méditerranéens ou des ciels bas, de la pluie ou des bulles de mer.
Ils en ont de la complicité ces jeunes gens, une façon de se faire confiance simplement et de façon évidente, en laissant naviguer la ligne basse du piano au violoncelle, de chercher les limites de leurs instruments, de créer des duos, des trios, de s'amuser des orages, des équinoxes, des mélodies rêvées et même du chant léger.
Audacieux mais modestes, créatifs mais sérieux, innovants mais présents. Ils sont presque agaçants de tant de talents !
Adèle Viret au violoncelle, mène ce quartet singulier dans sa composition, du haut de ses 25 ans et ce n'est pas une totale inconnue. Fille de Jean Philippe Viret, contrebassiste célèbre, biberonnée au jazz et à la musique de chambre, on l’a déjà entendue aux côtés de Magic Malik, de l’ONJ des jeunes ou d'Aka Moon ! Elle bénéficie du soutien de Jazz Migration qui se trompe rarement dans ses choix.
Cet après-midi, l'Astrada de Marciac accueille une nouvelle venue dans le paysage déjà dense des chanteuses de jazz, une étoile montante, mais plutôt originale, danoise par sa mère et zanzibarienne / omanaise par son père, Nana Rashid.
Et ce n'est pas anodin de parler de cette double appartenance culturelle car on sent très vite qu'elle impacte de façon profonde les thèmes de ses chansons et sa façon de les offrir au public dans une mélancolie patente, beaucoup de douceur et de détermination.
Son album Music for Betty propose une approche du jazz vocal qui allie un cocktail de tradition du jazz nordique qui nous est peu connu et des inflexions de néo-soul et de blues avec l'utilisation de déclamations brûlantes à la Nina Simone.